Géométrie, mesure du monde

Les architectures molles, sculptées, transparentes, immatérielles prétendent se libérer des contraintes géométriques, comme si la géométrie ne revendiquait que la droite et la forme orthogonale ou le cercle ! Certains architectes s’abandonnent aux « hasards » informatiques et construisent des édifices à la géométrie chahutée par un logiciel. Des urbanistes opposent encore le plan radioconcentrique au plan en damier en ce qui concerne l’expansion des villes et, refusant d’imaginer d’autres morphologies, laissent faire la promotion immobilière, les opportunités foncières et le chacun pour soi. La géométrie, dans notre culture marquée par la philosophie grecque, est constitutive de l’architecture et de l’urbanisme. Elle est mise en débat par le jeu extraordinairement varié des formes et de leurs agencements, aussi bien que par des régulations qui donnent une mesure au monde et suscitent des questionnements quant à ce qui est à la mesure de l’existence. Depuis le simple pas jusqu’aux théories les plus sophistiquées, la géométrie - qui n’a jamais cessé de se complexifier depuis Pythagore ou Euclide - se rappelle à nous. C’est ce rappel qu’il nous faut entendre, comme une invitation à penser aussi bien notre corps que le paysage, aussi bien la maison que la ville et la cité. Cet ouvrage collectif veut questionner géométriquement et philosophiquement l’urbain contemporain et les architectures qu’il provoque. En d’autres termes, il espère saisir à partir de la confrontation entre mathématiciens, géomètres, historiens, architectes, urbanistes, paysagistes, philosophes, l’expérience existentielle de l’espace-temps des lieux.

Contributions de : Marc BELDERBOS, Paola BERENSTEIN-JACQUES, Xavier BONNAUD, Frédéric BONNET, Robert DULAU, Boris KOZYREFF, Jean LÉVÊQUE, Philippe MADEC, Michel MANGEMATIN, Olivier MASSON, Thierry PAQUOT, Joël SAKAROVITCH, Roberto SECCHI, Jean STILLERMANS, Christina VELEZ, Maria VILLELA-PETIT, Chris YOUNÈS.